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Berthelot, Dartigny, Notaires


14 mai 1785 – Obligation de 400 livres à 6% par Pierre Chabot à Mr Deschenaux #105


‍    Par devant le Notaire public à Québec, y résident, soussigné, fut présent:

‍    Pierre Chabot, habitant demeurant en la paroisse St-Charles de la Rivière Boyer, lequel a par les présentes reconnu et confessé devoir bien et légitimement à Mr Joseph Brassard Deschenaux, Seigneur de St-Michel, Neuville et autres lieux, demeurant en cette ville, rue des Pauvres, à ce présent et acceptant, la somme de quatre cent livres françaises du païï, pour prêt de pareille somme qu’il lui a tout présentement fait en espèces d’or et d’argent comptées, nombrées et réellement délivrées, à vue et présence des Notaires soussignés, que le dit Pierre Chabot a retirées par devers lui, dont il est content et qu’il a déclaré devoir employer à acheter un morceau de terre; - et laquelle dite somme le dit Pierre Chabot débiteur promet et s’oblige par ces présentes rendre, payer et bailler en espèces d’or et d’argent au dit Sieur Deschenaux, créancier, en sa demeure en cette ville ou au porteur des présentes, dans deux années, date de ce jour, avec l’intérêt à six pour cent, payable par année, pour toute préfiction (?) et délai, à peine de tous dépens, dommages et intérêts.

‍    Pour sureté de laquelle dite somme le dit débiteur a dès  présent affecté, affecté et hypothéqué tous ses biens meubles et immeubles présents et futurs, et spécialement une terre de trois arpents de front sur quarante arpents de profondeur, située en la dite paroisse St-Charles, Rivière Boyer, tenant d’un côté au Nord-Est à Antoine Gosselin, d’autre côté au Sud-ouest, à Joseph Bilodeau; par devant à la Rivière Boyer; et par derrière aux terres non concédées; ensemble une maison où il est demeurant, une grange et étable dessus construites; le tout à lui appartenant, une obligation ne dérogeant à l’autre.

‍    Et pour l’exécution des présentes, il a élu son domicile irrévocable en sa demeure susdite, auquel lieu été – Nonobstant etc. – Promettant etc.

‍    Fait et passé à Québec, en l’étude du dit Notaire, l’an mil sept cent quatre vingt cinq, et le quatorze du mois de mai avant midi; - et a le dit créancier signé, le dit débiteur, de ce enquis, a déclaré ne sçavoir écrire ni signer, lecture faite, ainsi qu’il est porté en la minute des présentes, demeurée en l’études des Notaires soussignés


«Berthelot, Dartigny»


Je soussigné reconnais avoir reçu de Bazile Chabot le montant de l’obligation ci-contre et d’autre part, en capital et intétêts; - lors de la mort de Pierre Chabot il y avait un an et demi d’intérêts sur quatre cent livres – Québec le 28 avril 1790


(Signé) «Deschenaux»


Vraie copie – 12 avril 1908

M. H. Chabot, Avocat


[Note du copiste : J’ai dactylographié cet acte le plus fidèlement possible d’après la vraie copie de l’original réalisée par Me M. H . Chabot de Québec le 12 avril 1908. Marcel Chabot, 13 septembre 2020]


Commentaire : Ce Pierre Chabot, décédé le 16 octobre 1787 à 58 ans, semblait un homme vaillant et déterminé, toujours soucieux d’acquérir de nouvelles terres, probablement pour établir ses fils. C’est d’ailleurs l’un de ces derniers, Basile, qui acquitte la dette de 400 livres (ainsi que les intérêts non versés) contractée par son père auprès du seigneur Deschenaux. Le régime seigneurial  (implanté en 1627) n’est donc pas aboli et ne le sera qu’en 1854. En bref, on confiait à un noble (le plus souvent) une portion de territoire qu’il devait peupler et développer en y établissant des colons sur des terres (généralement) de trois arpents de largeur sur quarante de profondeur. L’occupant de ce terrain devait, en retour de cette concession, verser annuellement au seigneur, le cens, la rente et les banalités.  Pour celles et ceux qui souhaiteraient fouiller le sujet davantage, visiter le site :  https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/regime-seigneurial


Mourir à 58 ans n’était pas exceptionnel en ce temps-là. Les hommes, comme les femmes d’ailleurs, s’esquintaient dans des conditions souvent difficiles. Et puis, la médecine était plutôt primitive et l’accès à un médecin (comme de nos jours d’ailleurs!) plutôt problématique (étendue du territoire, routes souvent impraticables, hôpitaux éloignés). On se méfiait donc des maladies infectieuse et s’il y avait épidémie, on se terrait dans la maison, ne dépassant pas les limites du canton immédiat. C’est d’ailleurs presque un exploit si Thérèse a pu garder en vie sa nombreuse marmaille dont les rejetons se sont disséminés dans Bellechasse et les comtés avoisinants.


Pierre ne savait pas signer. Thérèse était-elle en mesure de le faire? Basile, qui a acquitté la dette de son père, était-il un peu lettré? Cela reste à vérifier, mais il semble que les premiers arrivants, tels l’ancêtre Mathurin et son épouse Marie Mésangé, savaient lire et écrire  Mais cela étonne que deux ou trois générations plus tard, nombreux sont ceux (et celles) qui déclarent ne savoir même signer. Il est vrai qu’au XVIIIe siècle et pourrait-on dire jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’instruction était réservée aux bourgeois et aux riches, la plupart du temps assurée par des religieux et des religieuses. Les habitants des villages éparpillés ça et là étaient privés d’écoles. Dans la deuxième partie du XIXe siècle, beaucoup de gens s’opposaient encore à la création d’écoles dans les rangs de leurs paroisses naissantes.