La valeur de l’argin… au gré du temps


Voici un court texte que j’ai trouvé dans la monographie Au cœur de Bellechasse SAINT-LAZARE, 150 ans de vie paroissiale d’Eugène Côté, 1982, 283 pages, sans éditeur. Page 254 et ss.


«[…] À travers les documents, il est possible de relever certains chiffres qui donnent une idée plus juste du coût de vie au temps de nos ancêtres.


Pour s’en faire une idée, il est bon de retenir que notre système monétaire actuel, basé sur le dollar, a été inauguré après la Confédération seulement (1867). Il a été mis en application peu à peu au cours des années subséquentes, même si les mots piastres et écu servaient à désigner le dollar, tandis que sous et centin correspondaient aux cents.


L’Angleterre, avec des louis ou livres (L) schillings ou chelins (S) et deniers ou pence (P). On disait aussi sou à la place de denier. Il fallait donc calculer sur trois colonnes de chiffres, ce qui était plus compliqué. En outre, le passage d’une valeur à l’autre est différent:

S’il faut 12 deniers pour faire un chelin,

Il faut 20 chelins pour faire une livre.


Le louis du Canada valait environ 4 dollars de notre argent actuel (cours de 1982).»


Salaires et gages

Quand on se dit qu’on se plaint le ventre plein…


Voici quelques indices des salaires à différents moments de notre passé: Au début de la paroisse (Saint-Lazare), vers 1830, un journalier «capable de faire de la terre» recevait environ 30 dollars par an, logé et nourri, tandis qu’une servante en gagnait 13 logée, nourrie et en plus «fournie de souliers».


Vers 1850, une journée de travail vaut 10 sous ou un pain.


En 1860, les institutrices recevaient 56 dollars pour l’année scolaire, tandis que le bedeau, qui n’était pas occupé par son emploi à plein temps, gagnait 25 dollars par an.


L’ouvrier responsable de la construction de la grange du curé en 1876, a reçu 72 dollars et celui qui a équarri les pièces de cette bâtisse,18.


En 1890, une femme faisait le grand ménage à 25 cents par jour, peu importe le nombre d’heures de travail. Au même moment, une journée d’homme était évaluée à 80 cents! Un ouvrier a reçu un écu pour équarrir 3 pièces de 20 pieds de longueur.


Vers 1900, un employé de voirie gagnait 8 cents de l’heure.


En 1930, le salaire d’un journalier est de 15 cents de l’heure et celui de la femme de ménage, 10 cents. Quinze ans plus tard, on offre 50 cents l’heure pour travailler sur le chemin de fer à à St-Charles.


Quant au coût des objets, il nous paraît faible par rapport à aujourd’hui (1982), mais il faut le comparer au revenu, en calculant le nombre d’heures de travail requis pour gagner le prix de tel ou tel article.


En 1815, un cheval vaut environ 20 dollars. C’est le revenu net de 8 mois de travail d’un journalier. Une paire de bœufs de 3 à 4 ans est évaluée à 25 ou 30 dollars. Une bonne vache se vend 10 dollars.


Vers 1850, un «quart»* à l’eau vaut 80 cents et un «quart» à chaux 45 cents. Un poêle coûte un dollar et demi et on donne 10 cents pour le «miner»**. Le bois de chauffage pour l’église se vend 90 cents la corde. Il passe à un dollar et cinq la corde en 1880. Ainsi, il en coûtait environ onze dollars pour chauffer la vieille église pendant la saison froide, puis 35 pour le chauffage et l’éclairage du bâtiment actuel en 1885, chiffres de rêves, comparés à ceux d’aujourd’hui (1982) qui tournent autour de dix mille dollars pour chauffer le même édifice.


En 1850, la farine vaut huit dollars le baril, l’avoine 40 à 50 cents le minot, les patates un à deux dollars la poche (sac), le vin une piastre le gallon. Une livre de bœuf coûte 12 cents et le beurre 20 à 30 cents la livre.

Autres prix: Une chaudière (seau), 40 cents; une tasse, 7 cents; le mastic, 5 cents la livre; une livre d’empois, 10 cents; 1 botte d’étoupe, 20 cents; un baril à chaux, deux dollars et demi. Une hache, un écu; une pelle de bois, 20 cents; 10 madriers, 60 cents; 50 planches, 2 dollars 91; un minot de cendre, 17 cents; 18 livres de potasse*** et 17 livres de savon, une piastre et quart.


*Le (quart) est un baril ou tonneau de bois construit avec des douelles. Sa dimension variait selon l’usage. Lorsque j’étais enfant (vers 1950), il y en avait à la cabane à sucre pour transporter et emmagasiner la sève d’érable. On appelait «tonne» le gros tonneau installé sur un traîneau pour faire la tournée des érables.

**«Miner» un poêle, c’est l’enduire d’un produit qui le protège et lui conserve son apparence (et peut-être autre chose que j’ignore).

***La potasse servait à faire du savon: c’était l’ingrédient qui avait la propriété de déloger la saleté Elle était faite de cendre de bois qu’on déposait dans une sorte de tamis disposé au-dessus d’une cuve, dans laquelle on déversait de l’eau chaude à plusieurs reprises. L’eau une fois concentrée se nommait la charrée, un résidu brunâtre, la potasse, substance alcaline aussi utilisée comme engrais. 


Recherche : Marcel Chabot




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