Mini essai sur le Mal 


(Texte non scientifique d’un profane s’appuyant sur ses réminiscences lointaines de lecture. L’acte d’écrire permet de réactiver les savoirs accumulés tout au long de la vie, de l’enfance à l’âge adulte. C’est un exercice vivifiant et salutaire…)


La planète est grevée par un Mal permanent pernicieux et corrupteur qui, tel un Virus, infecte l’esprit, mieux, l’essence même du vivant. La question qu’il est alors normal, voire impérieux de se poser à ce sujet est la suivante : quand, où et comment, depuis la création (l’apparition), il y a 4,5 milliards d’années de ce bloc rocheux nommé récemment, par ses habitants humains, la Terre, le Mal s’est-il instillé dans les êtres vivants? D’abord, à ce que la science propose comme explication, des molécules élémentaires primitives, filles de l’eau des vastes océans qui, à une certaine époque, grâce à des conjonctures favorables (dont on ignore les causes et les mécanismes exacts), a recouvert cet immense caillou ayant établi son orbite autour d’un soleil. Au commencement, organismes unicellulaires, elles se sont complexifiées au gré de rencontres et d’accouplements avec des frères et des sœurs nageant comme eux dans la soupe originelle, et de multiples improbables hasards. Pour enfin devenir, des millions d’années aidant, des animalcules doués de facultés de plus en plus nombreuses et spécialisées. De l’eau, certains migrèrent sur la terre ferme, empruntant des milliers de formes, de couleurs, de modes de survie et d’existence, d’aucuns rampant, d’autres volant, d’autres excellant à la course rapide pour échapper à des prédateurs. Pour survivre, pour esquiver les dangers multiples d’un monde de plus en plus grouillant ayant les mêmes buts, durer, se multiplier, prospérer… ou disparaître…


Et les époques se sont succédées et est apparue, évolutions après adaptations, deux milliards d’années plus tard, une faune marine diversifiée, dont les individus les plus complexes (probablement les plus endurants, les plus vigoureux et «débrouillards», ont un jour envahi les berges et après bien des millénaires, ayant troqué leurs appendices caudals pour des membres plus élaborés leur permettant de se déplacer plus aisément et rapidement sur la terre ferme. Et la boule bleue ayant bénéficié de conditions favorables grâce à son soleil, à sa couche d’ozone, à son atmosphère, s’est couverte d’une flore de plus en plus dense et colorée, refuge et garde-manger des animaux de toutes les espèces peuplant vallées et montagnes, des insectes et petits mammifères jusqu’aux mastodontes bouffeurs de frondaisons et aux grands reptiles et carnassiers voraces, toujours en quête de victimes sans défense. Les grandes mers avaient aussi continué de se peupler, de la crevette jusqu’à la colossale baleine. Il est difficile, voire impossible de se faire une idée juste de cet environnement fabuleux dont nos récentes représentations filmées ne peuvent être qu’un  pâle reflet. S’est-on jamais demandé si, dans cet univers, n’a pas vécu un être qui aurait pu posséder, à la fois, la taille et l’intellect de l’humain d’aujourd’hui?  Bien sûr, il ne reste aucun vestige (peut-être quelques-uns infimes, tirés de la croûte terrestre) de cette époque très lointaine, surtout après les cinq événements encore mal connus qui auraient mené à l’extinction presque totale de toute vie sur notre planète.


Les rescapés de la plus destructrice de ces extinctions (survenue il y a environ 250 millions d’années), représentaient moins de 20% de la vie marine et de 70% des espèces animales. Parmi les cinq les plus documentées, s’en trouve une autre, très destructrice aussi, survenue, elle, il y a environ 200 millions d’années (éliminant 70% des espèces marines et 35% des espèces animales). Ces catastrophe sont attribuées à un impact de météorite ou à l’explosion d’un gigantesque volcan (ou d’un groupe de volcans). C’est en tout cas l’explication la plus plausible d’une extinction massive mais dans un espace de temps réduit. Une autre extinction s’est produite il y a 66 millions d’années, entraînant la disparition de 50% des espèces ayant survécu… Tout cela n’est que théorie, mais généralement reconnue par l’ensemble de la communauté scientifique.


Ces survivants ont prospéré et, selon la théorie darwinienne exposée dans son ouvrage L’origine des espèces, ils se sont adaptés, d’évolutions en évolutions, à leur environnement qui se transformait certainement au gré des bouleversements géologiques et atmosphériques qui l’affectaient. Et lequel, parmi ceux-là, de mutations en mutations, de petit animal grimpeur pouvant se déplacer d’arbre en arbre, a pris un jour la forme humaine? Pour s’adapter à son environnement, survivre et se reproduire, il est devenu un bipède quelques millions d’années plus tard. Il s’est transformé, il a grandi, il a acquis diverses habiletés motrices et cognitives. Évidemment, ceux-là qui, parmi le groupe, la horde ou la tribu, ayant hérité du patrimoine génétique d’aïeuls ou de parents plus doués, se sont imposés comme meneurs, inventeurs d’outils et de techniques facilitant la vie et la prospérité du groupe. Certains individus plus doués ont certainement pris conscience, au fil du temps et des expériences, que le fait de se rassembler, de vivre en meute, offrait de réels avantages pour la défense d’un territoire, la recherche et la récolte de nourriture, le partage de nouvelles techniques. Mais la vie en groupe n’avait pas que des avantages, car déjà, on peut le supposer, les aspirations de l’un, son appétit, ses exigences, ses attirances, ne coïncidaient pas toujours avec ceux des autres, cause de conflits et d’accrochages. Et la situation pouvait encore se détériorer lorsqu’il s’agissait d’animosité et d’hostilité entre deux meutes pour des questions de territoire et d’accès à la nourriture. Et, dans ces cas, en l’absence encore de la conscience du bien et du mal et de règles concernant l’homicide, l’élimination du sujet d’un désagrément n’était probablement pas réprouvé ou puni. Mais il arriva certainement, que pour éviter certains dérapages et hostilités, on prenne des mesures pour contraindre les fautifs.


Dans cette longue histoire, c’est la survie et la pérennité des espèces qui génèrent et gèrent les adaptations, et motivent en conséquence les comportements et les agissements. Cela dit, il existait des différences anatomiques substantielles entre les espèces et les individus, du plus chétif au mastodonte, du plus furtif et inoffensif au plus redoutable, de la fourmi au tyrannosaure. Les voies de l’évolution sont insondables, farcies de maints hasards, encore compliquées par des facteurs de toutes natures qui échappent à notre connaissance et à notre entendement, malgré la recherche et les nouvelles techniques sophistiquées pour la mener. Tous les animaux, sur le plan de la phylogénétique, sont dotés de traits ou de caractères qui ont favorisé leur survivance. Ce seraient donc les mieux adaptés aux conditions de la vie terrestre qui ont traversé les milliers de millénaires.


Hors donc, et c’était là la prémisse du long préambule qui précède, nous, les humains de ce siècle, sommes l’aboutissement, par une série de mutations au gré des multiples perturbations dont a été l’objet cette planète qu’on nomme Terre, cataclysmes, séismes, dérive des continents, d’un lent et interminable processus duquel nous savons peu de choses, au fond. Parmi les espèces qui nous côtoient dans la mer et sur terre, nous serions la plus futée, ayant, grâce à un cerveau plus développé qui a permis la création du langage, outil de communication facilitant l’échange des idées et, ultimement, la création et l’invention (On aimerait savoir qui, ou quel groupe, a, pour la première fois a eu cette illumination de donner à un son ou à une suite de sons (mot), une signification pour, par la suite, en faire des chaînes sous forme de phrases, demandes injonctions, directives, reproches, conseils, approbation…). Sans doute, cette faculté a favorisé la cohésion des individus et des groupes entre eux. Puis des sociétés plus larges.


Dans ces sociétés qui remontent à hier, dans l’échelle du temps, les descendants d’Homo Sapiens1 doivent organiser le mode de vie, de relations, par des règles et des lois, des commandements, car les bourgades étant devenues des villes, la nécessité de régir les comportements, les faits et gestes, les mœurs, des individus, de façon à éviter les désordres la pagaille ou les excès. Qui, alors, sont ceux qui décident d’édicter les règlements, codes, préceptes s’appliquant aux populations? De toute évidence, ceux qui, déjà, avaient acquis, en raison de leur douance, de leurs faits d’arme, de leur stature, de leur statut, une notoriété reconnue. Et ceux-là, qui étaient-ils? Comme c’est le cas partout dans la nature, chez beaucoup d’animaux supérieurs, entre autres, il s’agit des individus les plus forts, les plus malins, les plus courageux, les plus vindicatifs, capables d’imposer leur domination, leur autorité. Ils sont tout simplement le produit des principes de l’évolution : ne survivent et ne prospèrent que ceux qui vainquent.


Parmi le groupe de ces individus doués pour gouverner, diriger, contrôler, il s’en serait trouvé une proportion qui aurait pris plaisir au pouvoir de tout régenter, de soumettre l’entourage, surtout les plus faibles, incapables de riposter, de se défendre, d’échapper aux griffes de l’agresseur. Et ce plaisir devenant, chez ceux-là, une drogue, une sorte d’émotion enivrante qui, oblitérant tout autre sentiment, conduit à la psychopathie. Rien ne compte plus alors que de satisfaire cette sensation de plaisir au mépris de tout. Plus de compassion, de pitié, de bienveillance, de générosité, que l’excitation, la frénésie d’assouvir sa soif du pouvoir. C’est là la définition de ce trouble comportemental de la personnalité qui se caractérise par le déni de la personnalité d’autrui et, surtout, par l’absence totale de remords, de culpabilité, de regret ou de repentir pour le mal fait.


C’est un chercheur d’origine polonaise qui, ayant été victime des cruautés commises par Staline et de ses acolytes barbares en Union soviétique, tout au long du deuxième quart du XXe siècle, qui a tenté d’expliquer l’origine de ce phénomène. Celui qui se faisait appeler le «Le petit Père des peuples» a perpétré les pires violences sur son peuple, utilisant les procédés les plus abjects, les fausses dénonciations, la torture, l’exil au Goulag. Il  aurait été responsable de la mort de pas moins 50 millions des gens de son peuple. Andrew M. Lobaczewski, c’est le nom de ce chercheur, s’est penché, par la force des choses, sur les causes qui peuvent conduire un être humain à accomplir des actes inhumains, cela de façon répétée, sans jamais faire preuve de compassion, au contraire. Avec des amis, en secret, il a fouillé la question, jusqu’à ce qu’il soit soupçonné par la police secrète du dictateur et doive s’exiler aux États-Unis où il a pu continuer ses travaux et les publier sous le titre : La ponérologie politique, le terme «ponérologie» signifiant «science/étude du Mal».


Selon cette recherche, il y aurait dans la population de toutes les sociétés, une proportion d’individus atteints, comment dire, du syndrome de la psychopathie, une maladie, ou plutôt un trouble, une déficience, un dysfonctionnement, qui seraient d’autant moins guérissables, curables, qu’ils forment l’essence même de la personne, son caractère spécifique. Ainsi l’aurait conduite l’évolution, au fil des adaptations répétées. Lobaczewski évalue à environ 6% de la population mondiale le nombre de personnes possédant ce trait caractériel (soit 500 millions). Le chiffre paraît astronomique…


Mais si l’on observe ce qui se passe sur notre planète, les conflits, les guerres, les dictatures, les camps de concentration, de réfugiés, les famines, la pauvreté crasse… tous ces malheurs, toutes ces misères, sont causés par des individus, des chefs d’état, des possédants milliardaires, cupides, sans cœur, dont l’unique ambition est soit d’acquérir du pouvoir, soit d’avoir l’impression d‘être tellement puissants qu’ils peuvent tout se permettre, sans égards à quiconque, surtout pas aux faibles. Bien sûr, et cela est véritablement cocasse, car, comme tous les autres humains, ils retourneront en poussière et ne restera d’eux que le souvenir de leurs infamies. Et le Mal fait restera une tache indélébile dans le tableau de l’aventure humaine.


Arrimé intrinsèquement à la recherche et à la détention du pouvoir, dans sa forme la plus absolue, si possible, le Mal, comme une mauvaise herbe, l’herbe du diable à vrai dire, comme j’ai tenté de l’expliquer ci-dessus, a prospéré depuis l’Antiquité, et bien avant, ce pouvoir étant égal à l’accumulation de la richesse. Le Pouvoir c’est posséder. Cela on peut l’observer chaque jour en tous lieux, dans toutes les parties du monde. Les possédants sont les maîtres du Pouvoir. Ils sont à la tête des grandes entreprises milliardaires, mais aussi de la grande majorité des gouvernements mondiaux, dont les plus populeux et ceux ayant à leur disposition les armes de destruction massive capables de pulvériser le pauvre globe en quelques secondes. On ne me dira pas que ce ne sont pas là des agents du Mal et les plus malfaisants qui soient. Et nos propres gouvernements ne sont que leurs valets obéissants, Car qui, sur la planète, mène le jeu? L’argent. Tout lui est subordonné. Chaque jour de notre vie, de métal, de papier ou de bits, il est étalé partout sur tous les tons, c’est le moteur, le moteur de l’économie, du commerce, symbole ultime de la frontière entre ceux, rares, qui détiennent le cordon de la bourse et la masse de tous les autres qui doivent se contenter d’être leurs dociles serviteurs. Moins de 5% (c’est le chiffre souvent cité) sont ceux qui possèdent toutes les richesses et gouvernent ainsi le monde. Il correspond au nombre présumé de psychopathes peuplant la Terre, dont le nom de plusieurs nous vient immédiatement à l’esprit. Ils sont le Mal, ils incarnent le Mal.



Les restes les plus anciens d’un humain trouvés à ce jour, seraient ceux appartenant à une jeune femme plutôt menue ayant vécu il y a environ 3,2 millions d’années, à laquelle on a donnée le nom de Lucy. Cette découverte avait été précédée de celle de vestiges  (ossements, outils) de l’Homo Habilis 2 500 000 à 1 600 000 ans av. J.-C.), de l’Homo Erectus (1 700 000 à 200 000 ans av. J.-C.), de l’Homo Neandertalensis (200 000 à 30000 av. J.-C.), de l’Homo Sapiens (200 000 à 30 000 ans av. J.-C.), ce dernier occupant toute la place après la disparition complète de l’homme de Néanderthal.


Source : https://www.alloprof.qc.ca/fr/eleves/bv/histoire/evolution-de-l-homme-notions-avancees-h1006



Marcel Chabot, 30 octobre 2023