Hommage à Marie Mésangé


C’est peut-être par son chant, un soir à la veillée,

Que Marie la mésange a conquis Mathurin,

Séduit par sa beauté, sa mine ensoleillée;

Elle avait pris son cœur il n’était pas matin! 


Séduite elle aussi par cet altier jeune homme

Avec lui sans tarder elle voulut s’unir,

À ses côtés partir, devenir autonome,

Brave, les yeux tournés vers un bel avenir. 


Jamais elle ne fuit l’ouvrage difficile,

Épaulant son époux, tenant bien la maison,

Mais aussi très souvent la bêche et la faucille,

Enfantant tous les ans qu’importe la saison.


Malgré les froids cinglants, les vents et les tempêtes

La crainte des assauts des cruels Iroquois

Elle vaquait aux champs et prenait soin des bêtes,

Cultivait son jardin et débitait le bois.


Le logis était chaud, attrayant, confortable,

Les enfants grandissaient et mangeaient à leur faim,

Il y avait toujours de bons plats sur la table

De la soupe qui fume, une miche de pain.


Elle aimait, au couchant, descendre sur la rive

Du grand fleuve admirer les mouvantes couleurs,

Les paresseux voiliers voguant à la dérive.

Cela la comblait d’aise après les durs labeurs.


Il faut bien l’avouer, l’incessante besogne,

Les couches répétées rendant plus lourds ses pas,

Affaiblit sa vigueur et peu à peu la rogne,

Finit par la briser, la mener au trépas.


Mais toujours bien vaillante et encore jolie

Elle vaquait sans cesse à cent et un travaux;

Mathurin répétait que c’était là folie

De manier encore faucilles et râteaux.


Alors un mauvais jour, avant la cinquantaine,

Elle tomba malade et dut prendre le lit

La prière de tous, hélas, demeura vaine

La vie l’abandonna et le ciel l’accueillit.


De la fratrie Chabot, elle est l’unique mère

Il faut nous rappeler qu’en nous coule son sang;

Gardons son souvenir, trop souvent éphémère!

Dans nos cœurs ce sera toujours notre Maman.


Marcel Chabot, janvier 2021