Vers et rimes


Les restants - Monologue en vers

(Une peinture de la vieillesse)


Les restants, com’ les p’tits vieux

Ben souvent ça nous écoeure;

Leur goût est pas au mieux

Mêm’ si cé rar’qu’ on en meure.


Y’en a qui sont encor’ bons,

Réchauffés, y sont passables;

D’autres sentent le chausson

On mettrait pas ça su’a table.


Certains sont mous com’ guenilles

Ou ben secs , ratatinés,

Y font horreur à nos papilles

Tant ils sentent les p’tits pieds.


Mais un bout de vieux fromage

Rassis et très odorant 

Est parfois bien davantage

Exquis qu’un bol de flan.


Commodes pour dépanner

On s’en sert à tout’ les sauces,

Sans pour ça s’empoisonner

Et qu’on s’rtrouve dans la fosse!


Parfois c’est collé au fond

Comme un’ pâte ben gluante

Dans un’ boîte de carton,

Vrai relent de bêt’ puante!


Si on veut pas les sentir,

Vaut mieux donc qu’on s’en éloigne.

Les mouches ça les attire

Ç’est avec ça qu’a se soignent!


Froids c’est ainsi qu’on les aime

Des fois, quand on a ben faim.

Chauds ça s’mange quand même,

Quand t’as pas le goût trop fin.


Je connais en ce bas monde,

Des gueux et des mendiants

Qui en trouvent des immondes,

Dans les bacs des restaurants.


Et y a ceux recyclés

Par une âme charitable,

Triés, lavés, cuisinés,

Qui font un plat acceptable.


Que dire de plus des restants

Sinon qu’y sont pas évitables

Du moins la plupart du temps,

Et pas pour un’ cenne’ rentables.


Alors quoi faire avec eux?

Just’ les mettre à la poubelle?

Com’ on l’fait pour les p’tits vieux.

Lorsque la mort les appelle.


Ils sont une vraie nuisance

Il faut enfin l’accepter,

Et agir en conséquence

Et enfin les écarter.



Décembre 2020 – au cœur de la pandémie